Chroniques

par irma foletti

Bryn Terfel chante Verdi et Wagner
Lahav Shani dirige l’Orchestre national de Lyon

Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence
- 6 octobre 2017
Bryn Terfel chante les adieux de Wotan, extrait de Die Walküre (Wagner)
© metropolitan opera | wotan (die walküre)

En première venue au GTP d’Aix-en-Provence, Bryn Terfel se produit dans un programme Verdi et Wagner, accompagné par l’Orchestre national de Lyon. Avant l’apparition du baryton-basse, l’affiche propose la Symphonie en sol mineur K.550 n°40 de Wolfgang Amadeus Mozart. La formation est bien huilée, sous la direction du jeune chef israélien Lahav Shani – une musique sans heurt, sans grande surprise non plus. Toujours est-il qu’à partir du deuxième mouvement, les auditeurs commencent à trouver le temps un peu long. On se demande si une telle pièce est indispensable en ouverture d’une soirée bâtie autour d’un chanteur vedette. Il ne s’agit même pas d’une mise en bouche ou plutôt d’un échauffement des oreilles, tellement la gentille pièce mozartienne est éloignée du programme du concert. À vrai dire, on aurait préféré l’alternance plus classique entre ouvertures et airs.

L’ambiance change radicalement lorsque le chanteur entre en scène – rasé de frais n’est pas coutume ! – pour interpréter le credo de Iago (Otello), l’un des passages verdiens les plus violents. Terfel y noircit le son artificiellement sur les premières notes, pour amener plus de mordant, plus d’agressivité. On entend aussi quelques sons fixes de sa part, et l’orchestre joue, à présent, un peu fort. Tiré de l’ultime ouvrage de Verdi, l’air suivant L’onore ! Ladri ! est d’abord présenté en anglais par le chanteur comme celui « d’un compositeur de quatre-vingt ans qui a écrit sur un formidable livret de Boito ». Falstaff est réellement une seconde nature pour Terfel, il est immédiatement dans le personnage, par ses mimiques et sa forte stature. Il prend le mollet du premier violon puis arrache un cheveu au chef lorsqu’il se demande si « l’honneur peut réparer un tibia » puis « un cheveu ». Vocalement aussi, l’instrument est plus naturel, moins forcé, plus élégant.

Après l’entracte, la seconde partie s’ouvre avec Siegfried-Idyll de Wagner, déjà plus en situation pour introduire le final de Die Walküre qui s’ensuit. Là encore, le rendu est agréable, mais on peut détecter une attaque légèrement anticipée aux violons, ou un son suspect du cor. Les adieux de Wotan constituent ensuite le morceau de choix du concert, rôle des rôles dans lequel le brillant Gallois fit ses débuts à Covent Garden, il y a douze ans. Après certains sons fixes en début d’air, à nouveau, qui ne sonnent pas divinement, il faut le reconnaitre, ses parfaites connaissance et restitution du texte, alliées à un grain vocal tour à tour autoritaire ou ému, font merveille. L’exercice est sans doute plus facile dans cette salle qu’au mois de juillet dernier au Théâtre Antique d’Orange où il poussait au maximum, parfois en limite de déraillement. À la surprise générale du public, aucun bis n’a été préparé ; la soirée se termine là. Une seconde partie de trente minutes et trente minutes aussi de chant au total, c’est un peu chiche… on en aurait préféré un peu plus pour moins de symphonie.

IF