Chroniques

par bertrand bolognesi

Concours international de piano d’Orléans
première épreuve de la quinzième édition

Salle de l’Institut, Orléans
- 4 et 5 avril 2022
à la salle de l'Institut, 15ème Concours international de piano d’Orléans
© dr

Après une édition malmenée par l’épidémie de Covid-19, le Concours international de piano d’Orléans retrouve cette année la Salle de l’Institut où il a traditionnellement lieu, et en présentiel (selon la formule désormais habituelle). Ainsi sont-ce vingt-deux pianistes que nous venons écouter lors des premières épreuves, musiciens sélectionnés, parmi tous les nombreux candidats, par Isabella Vasilotta, directrice artistique de l’événement, le concertiste Reinhold Friedl et Maroussia Gentet, lauréate du concours en 2018. Lundi matin, à notre arrivée place de l’Étape, face à la majestueuse cathédrale Sainte-Croix, c’est temps de pause, trois artistes ayant joué leurs programmes – la Canadienne Gabrielle Gagnon-Picard (Dutilleux, Ligeti et Dusapin ; pour le Prix de composition André Chevillon / Yvonne Bonnaud : 45 tours de Véronique Noel), la Bulgare Hristeya Markova (Dutilleux, Dusapin et Ligeti ; pour le Chevillon/Bonnaud : …Do you want to play the piano de Sachie Kobayashi) et le Japonais Koki Sato (Kapustin, Rachmaninov et Carter ; pour le prix précité : Souvenirs de choses inouïes de Leonardo Marino).

À 11h15, Cecilia Balestra, directrice du festival Milano Musica, Françoise Clerc consultante artistique, Peter Paul Kainrath, directeur artistique de plusieurs manifestations, avec lequel nous nous étions entretenus il y a quelques années lors du Festival Pianistico Ferruccio Busoni [lire nos chroniques concert et da camera du 2 septembre 2008], le compositeur Ichiro Nodaïra, les pianistes Tamara Stefanovich [lire nos chroniques du 11 janvier 2005, du 2 novembre 2015, des 24 janvier et 4 août 2018] et Francesco Tristano Schlimé, les membres du jury 2022 que préside le compositeur Philippe Manoury, reprennent place à la longue table installées en fond de parterre, pour continuer les premières épreuves. Nous découvrons Scott Sherman dans un menu Messiaen, Kurtág et Bolcom, l’Étasunien jouant sa propre Étude n°5 de 2021, intitulée Trilles Vestigiaux (face à l’évidence, cet article ne répètera plus que les créations concourent au Prix de composition Chevillon/Bonnaud). Pierre Delignies gagne ensuite la scène pour exécuter Rachmaninov, Debussy et Ligeti – fort belle version de Cordes à vide – l’Espagnol livrant aussi L’effondrement d’Armanda Garrido. Il cède place au Coréen Chi Ho Han qui ouvre sa partie par un prélude de Grégoire Rolland, Line and circle ; s’ensuivront des pages de Dutilleux, Debussy et Ligeti.

Après le déjeuner, il revient à Jodelyne Gallavardin d’engager l’après-midi – l’ordre de passage des candidats obéit au hasard d’un tirage au sort. Outre la création du Passage des frontières d’Alejandro Mata, nous apprécions la Française dans la quatrième des Études Op.4 de Szymanowski, aux côtés d’œuvres d’Adams et de Bolcom. Deux des Études de rythme de Messiaen inaugurent l’épreuve d’Yi Zhang dont le parcours se précise dans les opus de Ligeti et Tanaka, la Chinoise mettant à l’honneur le compositeur Jean-Patrick Bésingrand à travers Sensorielles II – notons qu’un second piano est à disposition sur la partie droite du plateau, certains choix induisant une préparation. Après une pause d’une demi-heure, la Japonaise Kiyoko Inoue donne Fauré, Hosokawa et le Debussy de Pour les cinq doigts (Étude n°1) qui inspire une Étude sur le bégaiement II à Masahiro Aogaki [lire notre chronique d’À la boussole]. Sur le piano préparé, Wonny Seongwon Park s’engage dans Coronation of Sesostris d’Olivier Costa, d’après l’œuvre picturale éponyme de Cy Twombly, son programme présentant ensuite des œuvres de Debussy, Chin et Prokofiev. Ainsi s’achève le lundi du Concours… pour la presse et pour le public, du moins, le jury ayant à délibérer quand les pianistes se préparent à toute éventualité.

Mardi, 9h15. Chisato Taniguchi entame la seconde journée avec Lutosławski, Adès et Ligeti, ainsi que Sillage de lignes de Miharu Ogura. Pour les agréments de Debussy (Étude n°8) révèle l’écrasante musicalité de la Hongroise Alexa Stier, non démentie par les pièces de Ligeti et de Benjamin qui, avec A tree’s spiral of time d’Electra Perivolaris, complètent son épreuve. Candidat russo-polonais attendu à 10h45, Igor Torbicki ne vient pas… c’est donc la performance de l’Indonésien Haniel Anugerah qui débute la seconde partie de la matinée, avec Forme de liberté de Seo Il-Woong ; des pages de Rachmaninov, Rorem et Adams la parachèvent. Quant à lui, Lorenzo Soulès se lance dans Carter, Bartók et Ligeti ; en création, Reshaping, The fury of memory de Filippo Zapponi. L’après-midi est plutôt court, avec seulement deux rendez-vous – sur les vingt-deux artistes retenus, cinq se sont déprogrammés en amont de ces journées et un sixième ne s’y est pas présenté, ce qui réduit leur nombre à seize. Le Français Matthieu Acar concourt avec sa propre Artefact-étude I, concluant un parcours Szymanowski, Ligeti et Carter. Pour finir, Bartók, Bolcom et Carter dessinent le chemin par lequel aborder la Sino-étasunienne Yaoyue Huang, proposant au Prix de composition Chevillon/Bonnaud Astérisme de Satoshi Wakamatsu.

Le soir même, le jury communique son verdict. Sept pianistes seront entendus en demi-finale : Haniel Anugerah, Chi Ho Han, Yaoyue Huang, Hristeya Markova, Lorenzo Soulès, Alexa Stier et Chisato Taniguchi. Pour notre part, nous quittons Orléans et apprenons jeudi soir que les trois finalistes de dimanche seront Chi Ho Han, Lorenzo Soulès et Chisato Taniguchi. Les lauréats de la quinzaine de prix offerte par le Concours international de piano d’Orléans donneront lundi soir (le 11 avril) un récital au Théâtre des Bouffes du nord (Paris).

BB