Chroniques

par gérard corneloup

Dido and Æneas | Didon et Énée
Opera d’Henry Purcell

Opéra de Dijon / Auditorium
- 22 mai 2011
Gilles Abegg photographie Didon et Énée de Purcell à Dijon
© gilles abegg

Si, tout au long de la présente saison qui s’achève, bien des scènes lyriques françaises se sont plu à explorer des contrées aussi pleines que lointaines des opéras oubliés, exhumés pour l’occasion, certains ont également fait place à quelques-uns des grands titres qui attirent toujours le mélomane.

Pour sa part, Dijon a joué la carte de la simplicité mais de l’efficacité musicale avec l’infatigable Didon et Énée de Purcell, l’un des frêles mais superbes piliers de l’opéra baroque. Une idée excellente mais finalement risquée, s’il est vrai qu’en dépit ou justement pour palier la concision de ce petit ouvrage – une heure à peine de scène et de fosse ! – des générations de metteurs en scène en ont fait des tonnes, noyant le chant et les instruments sous une avalanche de décors antico-baroco-quelque-chose.

Tout le contraire est la démarche de Lilo Baur pour cette nouvelle production du théâtre bourguignon. Dans les décors dépouillés de Christos Konstantellos, dans les costumes d’une sobre modernité conçus par Agnès Falque, sous les habiles éclairages de Matthieu Berdet, les héros de Virgile se rencontrent, s’aiment, se perdent, avec la mort au bout du chemin pour la reine de Carthage. Déplacements subtilement conduits, regards expressifs, chœurs parfaitement utilisés, sorcières n’en faisant ni trop ni pas assez, tout est bien mené, bien conduit.

Même si la déclamation baroque n’habite pas vraiment le chant du séduisant Énée de George Hum, Andrea Hill, touchante Didon, et Susan Gilmour-Bailey, Belinda aux justes accents, développent un chant et une tenue scénique particulièrement convaincants. On peut y ajouter l’Enchanteresse de Sara González Saavedra, tout comme les chœurs fort homogènes à la belle musicalité qui unissent les artistes maison et les juvéniles solistes du Concert d’Astrée.

De la même façon, les pupitres de l’Orchestre Dijon-Bourgogne et ceux des musiciens du Concert d’Astrée sont particulièrement bien amalgamés par la direction attentive, présente, vivante du chef Jonathan Cohen. Avec un excellent continuo en prime.

GC