Chroniques

par gérard corneloup

Rigoletto
opéra de Giuseppe Verdi

Opéra-Théâtre de Saint-Étienne
- 19 octobre 2010
Guy Joosten signe un nouveau Rigoletto à l'Opéra-Théâtre de Saint-Étienne
© sigrid colomyes

C’est bien connu : à leur façon, les mouvements sociaux peuvent intervenir sur le déroulement d’une soirée d’opéra en bloquant la mécanique délicate que représente l’élaboration d’un tel spectacle qui réunit des chanteurs, des choristes, des musiciens et des techniciens. C’est précisément de ce dernier côté qu’est venu le problème, pour ce Rigoletto donnée dans la cité stéphanoise un jour de grève nationale.

Dans la hâte du dernier moment, la direction du théâtre put assurer le spectacle mais le jouer en une sorte de version scénique du pauvre, ne conservant que quelques éléments sommaires du travail élaboré par Guy Joosten et des décors imaginés par Johannes Leiacker. On imagine, conséquemment, les obstacles apparus pour les interprètes, du chef d’orchestre aux musiciens et choristes, en passant par les solistes.

Tout cela ne rendait que plus réussie l’interprétation de ce Rigoletto, tant dans la fosse – au delà de bien des faiblesses du côté des vents – que sur la scène, le tout bénéficiant d’une direction ardente et motivée, autant qu’attentive et soignée, développée par le maestro Laurent Campellone.

Sans doute la palme revient-elle au soprano Olivera Topalovic, Gilda à la ligne de chant merveilleusement musicale, à l’aigu translucide, aux demi-teintes délicates à souhait. Après des débuts un rien crispés, le Duc de Jean-François Borras ne le lui cède en rien, avec un mélange bien dosé de vaillance et de ductilité, une expressivité de chaque instant et une ligne de chant toujours séduisante. On aimerait en dire autant du Rigoletto de Victor Torres, mais ce serait exagérer, incontestablement. Une voix fatiguée, dure, dans un aigu voilé et insuffisant, plus crédible dans les demi-teintes, démontre une erreur manifeste de distribution. En revanche, le solide et impressionnant Sparafucile de Jean Teitgen, la Maddalena très en voix de Kismara Pessatti et surtout le Monterone vocalement remarquable d’Alain Herriau, complètent avec beaucoup de brio et infiniment de bonheur le plateau de cette soirée pas vraiment comme les autres.

GC