Chroniques

par anne bluet

Antonio Vivaldi
concerti – cantates de chambre (vol. II)

1 CD Opus 111 / Naïve (2004)
OP 30404
Antonio Vivaldi | concerti – cantates de chambre (vol. II)

On le sait : Antonio Vivaldi écrivit de nombreux concerti qui formèrent des recueils comme L'estro armonico, La Cetra ou Il cimento dell'armonia e dell'invenzione. Le plus souvent, un violon solo y dialogue avec l'orchestre, le compositeur ayant parfois écrit pour deux, trois, ou quatre violons solistes, d'autres pour hautbois, pour basson, pour violoncelle, pour deux violoncelles, pour hautbois et basson, pour mandoline, pour deux mandolines, pour flûte, etc. L'existence de concerti de chambre est moins connue. Il y a quelque temps était paru un fort beau disque réalisé par l'ensemble L'Astrée pour le label Opus 111 dans le cadre de l'Édition Vivaldi, regroupant alors neuf de ces concerti (OP 30394). Huit instrumentistes articulaient avec talent ces pages plus présentes au concert que dans les rayonnages des mélomanes.

À ce travail d'une vivacité et d'une fraîcheur qui forçaient l'enthousiasme, L'Astrée ajoutait un volume alternant concerti et cantates de chambre, magnifiquement chanté par la mezzo-soprano Laura Polverelli. On y goûtait la délicatesse de trois autres concerti da camera, alternant avec trois cantates de chambre : Elvira, anima mia, Care selve, amici prati et Alla caccia dell'alme e de' cori (OP 30358).

Aujourd'hui, il complète sa contribution à l'Edition par un second tome de cantates, en fait le troisième volume des concerti, obéissant au même principe d'alternance, où le basson d’Aligi Voltan brille d'une aura singulière. Les cantates pour soprano et basse continue (RV 651, RV 656 et RV 657) sont cette fois confiées avec moins de bonheur à Gemma Bertagnolli.

Si la voix est agile et sait affirmer une articulation efficace, si la vocalise est aisé et l'ornementation généreuse, le timbre s’avère un peu forcé, et il arrive trop souvent que des aigus maladroitement perçants persistent à côté de la note, juste suffisamment pour que la discordance vienne maltraiter notre écoute. C'est dommage, car de véritables qualités de style sont ici indéniables. Mais le chant est en général extrêmement superficiel, et vide de toute expressivité. On se demande comment les maîtres d'œuvre de cet enregistrement par ailleurs à la hauteur des deux premières livraisons ont pu gâcher un tel matériel. Restons donc sur la prestation des instrumentistes (RV 108, RV 92 et RV 100), sur les subtiles couleurs des théorbes, sur la grâce énigmatique du basson.

AB