Chroniques

par anne bluet

Antonio Vivaldi
concerti pour mandoline – concerti et trios pour luth

1 CD Naïve (2006)
OP 30426
Antonio Vivaldi | concerti pour mandoline et pour luth

C'est le Norvégien Rolf Lislevand qui signe ce nouveau volume d'une Édition Vivaldi que Naïve continue d'étendre, alliant le systématisme d'une exploration raisonnée à l'enthousiasme du recours à des artistes vraisemblablement soucieux de défendre un tel projet et de le faire du mieux qu'ils peuvent. De fait, c'est d'une vie toute particulière que vibre cet enregistrement, tant dans les quatre concerti qu'il met en présence que dans les pages chambristes qu'il alterne.

Laissant à la précieuse notice de Roger Tellart le soin d'introduire l'auditeur à une écoute éclairée, nous nous attacherons principalement à saluer l'élégance qui domine le Trio en sol mineur RV85 où le violon et le luth dialoguent au-dessus de la basse continue. Son Larghetto central est une petite merveille de tendre et pudique mélancolie, comme on en retrouvera plus tard chez Scarlatti autant que chez Mozart, une façon d'avoir du sentiment sans en faire. On retrouve le même effectif pour un Trio en ré majeur RV93 plus gracieusement anodin qui jamais ne rage, contrairement au troisième mouvement de l'opus précédemment cité. Le violon s'y fait grand chanteur, sur le babille incessant d'un luth déluré dont on admire la nuance. Là encore, c'est le mouvement central – Larghetto lento –qui charme, installé dans un abattement las qui, cependant, n'omet pas d'orner son discours.

La délicatesse d'approche de ces deux trios ne ternit certes pas l'interprétation des concerti ! Après un brillantissime Concerto en sol majeur RV532 réunissant deux mandolines aux cordes et au continuo, les nerveuses virevoltes du Concerto en ut majeur RV425 (mandoline, cordes et continuo) captivent par la virtuosité qu'elles convoquent. Pour sûr, de virtuosité, Lislevand n'en manque pas, ce qui n'exclut pas un Largo nu comme l'hiver.

Avec le Concerto en ré mineur RV540 (viole d'amour, luth, cordes et continuo), nous pénétrons dans un monde de contrastes, d'accents, d'oppositions, autant de propriétés que le jeu des artistes met généreusement en relief. Enfin, c'est vers la danse que regarde le Concerto en ré majeur RV93 (deux violons, luth et continuo), avec son Allegro giusto d'une grande vitalité, un Allegro proprement sautillant et festif, et, en son centre, une méditationLargo aimablement ouvragée.

AB