Chroniques

par l'éditeur

Catherine Kintzler
Théâtre et opéra à l'âge classique – Une familière étrangeté

Fayard (2004) 336 pages
ISBN 978-2-213-62125-8
Théâtre et opéra à l'âge classique – Une familière étrangeté

C'est à l'époque où le théâtre trouve en France son apogée, le XVIIe siècle, qu'apparaît l'opéra. Si beaucoup de traits, et des plus évidents, les rapprochent, leur coexistence pose question et c'est sur leur rapport : une familière étrangeté, que s'interroge Catherine Kintzler au travers de cet essai.

Elle oppose les fonctions respectives de chacun de ces genres scéniques : si le théâtre relève de la métaphysique des mœurs, l'opéra illustre plutôt la métaphysique de la nature et il éblouit, grâce à la musique, aux décors, aux machines, les yeux et les oreilles. Cette surenchère qui s'adresse aux sens lui a valu, de la part des moralistes férus de théâtre, de féroces critiques.

La première partie de cet ouvrage, consacrée au théâtre, explore le trouble qu'il exerce sur le spectateur, confronté au sublime mis en œuvre dans le théâtre classique. La seconde, portant sur l'opéra, montre comment celui-ci, évacuant la question morale, s'incarne dans la musique et la danse pour constituer un monde, celui du merveilleux. La troisième partie enfin sonde la fascination réciproque que nourrissent les deux scènes.

En une réflexion qui chemine à travers tout le répertoire et sollicite Corneille, Racine, Lessing, Voltaire, Molière, ainsi que Rameau et Mozart, l'auteur – professeur de philosophie et spécialiste de l'esthétique scénique des XVIIe et XVIIIe siècles – dégage les enjeux esthético-philosophiques qui, dans la relation des deux scènes, fondent leur opposition, expliquent leur attirances et participent à leur splendeur.