Chroniques

par laurent bergnach

Dietrich Buxtehude
intégrale des pièces pour orgue

1 coffret 5 CD Ricercar (2007)
RIC 250
Dietrich Buxtehude | intégrale des pièces pour orgue

L'œuvre de Dietrich Buxtehude (mort en 1707) ne manque pas de diversité – musique de chambre, pièces pour clavecin, concerts spirituels, etc. – mais ce sont ses créations pour l'orgue qui lui valurent longtemps sa renommée de compositeur majeur. Fils d'un organiste venu s'installer au Danemark, le jeune musicien suit bientôt les traces du père, jouant dans des églises successives : Sainte-Marie de Helsingborg, Sainte-Marie d'Elseneur, Saint-Olaf (Elseneur également) et surtout Sainte-Marie de Lübeck où il demeure quarante années durant. En tant que premier musicien de la ville, il est en charge de toute l'organisation des liturgies et des cérémonies du lieu, ainsi que de l'entretien des instruments – principalement trois orgues, dont le principal, modifié à plusieurs reprises par le passé, commence à donner des signes de fatigue, et dont le tempérament fut vraisemblablement adapté en 1673.

De même que Bach venu en pèlerin écouter son maître dans son fief, Buxtehude aime se rendre à Hambourg, grande ville voisine et capitale de l'orgue. Il se lie avec le théoricien et musicien Andreas Werkmeister, avec le constructeur Arp Schnitger, et leurs conversations nourrissent sa créativité – par exemple, l'essor du jeu de pédalier, intervenant à parité avec celui des claviers dans la réalisation d'une polyphonie ou assurant sa propre voix de basse dans une fugue, ouvre des possibilités contrapuntiques encore inusitées.

Jamais publiées du vivant de leur auteur et parvenues jusqu'à nous sous forme de copies, près de quatre-vingt dix pages (chorals, préludes, pièces libres) agrémentent les cinq disques de ce coffret. D'abord réticent à l'idée de livrer une intégrale, Bernard Foccroulle reconnaît qu'il était « bien difficile d'opérer une sélection parmi tant de chefs-d'œuvre, mais aussi parce que l'ensemble de cette œuvre d'orgue constitue un corpus tout à fait considérable, à la fois attractif, séduisant, extraordinairement diversifié et profondément cohérent ».

En évitant de suivre un hypothétique ordre chronologique au profit de la variété de style offerte par cinq instruments très différents (ceux de Buxtehude ont été détruits), l'interprète témoigne d'un des répertoires les plus riches de l'orgue baroque d'Allemagne du Nord.

LB