Chroniques

par samuel moreau

Domenico Scarlatti
cantates – sonates

1 coffret 1 CD + 1 DVD Capriccio (2006)
67 173
Domenico Scarlatti | cantates – sonates

Fils d'Alessandro, Domenico Scarlatti (1685-1757) endosse dès seize ans la fonction d'organiste et de compositeur à la Chapelle royale de Naples, sous la direction d'un père qui lui avait assuré sa formation musicale initiale. De 1705 à 1708, il se rend à Venise pour étudier auprès de Francesco Gasparini, obtenant peu après un poste à Rome en qualité de maître de chapelle du théâtre privé de la reine Maria Casimira de Pologne, puis entrant au service de l'ambassadeur du Portugal (1714) et du Vatican. À partir de 1720, il travaille à la cour du roi Jean V, à Lisbonne, où il donne des cours de clavecin à l'infante Maria Barbara. En 1729, le compositeur suit la nouvelle épousée à Séville puis à Madrid (1733). C'est à l'époque de son apogée espagnole que la plupart de ses sonates pour le clavecin voient le jour – dont le pianoforte d'Aline Zylberajch nous offre un échantillon en guise d'intermèdes : Sonata K 277, Sonata K 215 etSonata K 77.

De même, ses cantates appartiennent à une phase de création tardive – sans doute dans les années quarante. Les textes, vraisemblablement de Pietro Metastase, ont représenté pour le musicien un défi passionnant : extérieurement, ils suivent, dans leur succession stéréotypée de récitatifs et d'arie, le modèle traditionnel utilisé par l'opera seria, mais dans leur teneur, ils décrivent l'état d'une âme déchirée par les joies et les souffrances de l'amour. Des affects contradictoires (mélancolie, colère, espérance, déception, etc.) s'y font souvent face, apportant des nuances au personnage en scène. C'est pourquoi Scarlatti renonce à une virtuosité de surface, typique des partitions de castrats et de prima donnas de l'époque, pour un raffinement qui se soucie plus de l'impact des mots.

Poursuivant une carrière solo entamée en 1992 – et même avant, si l'on tient compte de son apparition télévisée en Reine de la Nuit, à l'âge de six ans ! –, Max Emanuel Cencic semble d'abord raide sur Con qual cor mi chiedi pace ? On mesure ensuite les atouts d'une voix expressive et souple, qui ne manque ni de graves ni de délicatesse (Fille, gia piu non parlo ; Qual pensier, quale ardire). Si l'on est sensible à son énergie, on pourra retrouver cet artiste « qui vit pour ses convictions » durant les quarante minutes d'un DVD bien documenté (archives, répétitions, crise d'identité et confidences people) ou mieux encore, sur scène : dans Fledermaus, fin décembre, à Toulouse ; en récital, salle Gaveau, en janvier 2007 ; et incarnant Fernando dans Rodrigo de Händel, en juin prochain (Théâtre des Champs-Élysées).

SM