Chroniques

par hervé könig

Franz Schubert
sonates pour pianoforte et violon

1 CD Zig-Zag Territoires (2006)
ZZT 060501
Franz Schubert | sonates pour pianoforte et violon

Franz Schubert (1797-1828) composa six pièces pour violon et piano, soient quatre Sonates, le Rondo en si mineur D895 et la Fantaisie en ut majeur D934. Si l'instrument à clavier s'associe d'emblée au musicien, on sait moins que son père Franz Theodor (au violoncelle), que ses frères Franz (alto), Ignaz et Ferdinand pratiquaient le quatuor à cordes, et que ces Sonates pour le pianoforte avec accompagnement de violon furent écrites probablement à usage domestique, privilégiant l'intimisme à la virtuosité. Les exigences techniques ne sont d'ailleurs pas exceptionnelles et leur structure formelle des plus simples. L'influence de Haydn et de Mozart, modèles à l'époque de l'apprenti créateur, est discrètement évidente.

La Sonate en ré majeur D384 – la plus connue de tout le cycle – et la Sonate en la mineur D385 datent de mars 1816 ; la Sonate en sol mineur D408 du mois suivant. Quant à elle, la Sonate en la majeur D574, de loin la plus exigeante, voit le jour en août 1817. Mise à part la première qui compte trois parties, toutes se développent en quatre mouvements. Elles seront publiées chez Anton Diabelli à titre posthume, en 1836, et sous le terme de sonatine pour en faciliter l'entrée dans les salons.

Un mot sur les instruments joués ici. Après une longue période de réflexion et d'essais, Jos van Immerseel a opté pour un fac-similé de Detmar Hungerberg, d'après un piano fabriqué par Johann Fritz en 1814. C'est un piano à queue équipé d'une mécanique viennoise de six octaves, de quatre pédales et d'une grenouillère actionnant un jeu de basson. À la même époque, le luthier Franz Geissenhof s'inspirait du travail de Stradivarius, copiant les qualités italiennes qu'il fut un des premiers à reconnaître dans la capitale autrichienne, et que nous avons plaisir à écouter ici.

D'autant que l'interprétation de van Immerseel et de Midori Seiler s'avère sensible, le claviériste privilégiant ici un fin travail de couleur et de climat, tandis que la violoniste s'appuie sur une articulation vive pour révéler les accents dramatiques qui parcourent ces opus. Le contraste est efficace et ne laissera pas l'auditeur indifférent.

HK