Chroniques

par herve könig

Giacomo Carissimi
motets à une, deux et trois voix

1 CD Pierre Verany (2005)
PV 705011
Giacomo Carissimi | motets

Comme celle de nombre de musiciens de l'époque, la carrière de Giacomo Carissimi (1605-1674) est liée à l'Église : nommé chantre à la Cathédrale de Tivoli (de 1623 à 1627), il devient organiste et maître de chapelle, tout d'abord à la Cathédrale d'Assise, deux ans durant, puis à la Basilique de Sant'Apollinare de Rome, jusqu'à sa mort. Le Collegio Germanico devient le légataire de sa production musicale, sacrée et profane, dont aucun manuscrit, par interdiction papale, ne devait sortir des lieux.

Malheureusement, dès la moitié du XIXe siècle, les premières recherches musicologiques sérieuses mirent en évidences la disparition des précieux manuscrits qui furent soit pillés lors de l'occupation napoléonienne, soit vendus comme papier d'emballage au marchand du coin ! Le problème devient évident : sans aucun manuscrit autographe, comment différencier les œuvres de Carissimi de celles de Maurizio Cazzati, Francesco Foggia ou Giovanni Felice Sances ? Le travail exhaustif du musicologue Andrew Jones a permis de mettre de l'ordre dans plus de deux cents motets attribués le plus souvent à tort au compositeur italien ; cependant, les copistes les ayant transcrits sans signaler de nom d'auteur, des doutes perdurent sur la paternité de la moitié de ces douze motets à une, deux et trois voix d'hommes et basse continue, dont une grande partie n'a pas été jouée depuis le XVIIe siècle.

Les six musiciens réunis sur ce disque offrent une lecture gentiment articulée de ces pages rares. On appréciera avant tout le soin apporté à l'équilibre, bien qu'une inégalité indéniable des trois voix vienne plus d'une fois gêner l'écoute – les vocalises du Cernis panem ne sont pas du tout réussies, par exemple. La réalisation instrumentale – violes de gambe, théorbes et orgue – s'avère nettement plus fiable, servant sagement une musique exigeante.

Le travail de l'ensemble Consortium Carissimi se base sur les copies évoquées, mais aussi sur d'anciennes éditions imprimées, conservées dans des bibliothèques en France (Bibliothèque Nationale), en Angleterre (à Oxford), ou en Allemagne (Collection Santini). Si l'on entre dans le détail – le livret est très bien fait, à cet égard –, on pourra s'y retrouver entre les travaux d'élèves de Carissimi (Silvestro Durante) et ceux de confrères (Bonifazio Graziani, Natale Monferrato, etc.).

HK