Chroniques

par samuel moreau

Giacomo Puccini
La bohème

1 DVD Warner Vision (2006) zones 2, 3, 4, 5, 6
4509-99222-2
Giacomo Puccini | La bohème

Alors qu'il a couru toute sa vie après un bon sujet de comédie, il semble que La Bohème ait servi à Puccini de galop d'essai, tant ces quatre actes, créés à Turin le 1er février 1896, regorgent de moments drôlissimes.

Bien sûr, Scènes de la vie de bohème – roman-feuilleton (1847) et pièce de théâtre (1849) de Henri Murger, qui ont inspiré le livret de Giuseppe Giacosa et Luigi Illica – retrace la vie misérable d'artistes venus à Paris pour se faire un nom, et l'opéra n'éclipse pas ces protagonistes grelottant de froid sous les toits en zinc de leur mansarde, en quête de leur pitance quotidienne, puis qui mettent au clou manteau et boucles d'oreilles. Mimi n'a pas la mort héroïque, quoiqu’injuste, d'une Desdémone ou d'une Gilda : phtisique au dernier degré, c'est « une fleur de serre que la pauvreté fane ». Mais la jeunesse a ce degré de ruse et d'audace (l'épisode du propriétaire Benoît), de résistance et d'insouciance (le manuscrit brûlé) qui en fait le charme et la force. Si le dernier acte n'offre pas l'occasion d'un sourire, l'humour n'a pas tari durant les trois premiers. La mise en scène réaliste (presque cinématographique) et pleine d'esprit de John Copley respecte tant le manifeste de l'écrivain français que la fantaisie du musicien italien.

Enregistrée à Covent Garden en février 1982, cette reprise enchante par le jeu et la vivacité de ses interprètes. Certes, manquant de graves et trop souvent de nuances, Neil Shicoff incarne un Rodolfo vaillant avec bien peu d'émotion, mais il est entouré par la touchante Ileana Cotrubas (Mimi), la brillante et drôle Marilyn Zschau (Musetta), toutes deux au chant impeccablement souple. Thomas Allen est un Marcello attachant, personnage plein de sagesse épicurienne – « l'amour vit de chants et de rires » – et interprète d'une très belle pâte.

En fosse, la direction de Lamberto Gardelli, attentive aux détails de l'orchestration sans s'appesantir sur les passages lyriques, ne manque pas de relief. À coup sûr, on écrase une larme au moment des saluts...

SM