Chroniques

par laurent bergnach

Harrison Birtwistle
Melencolia 1 – Ritual fragment – Meridian

1 CD NMC Recordings (1993)
NMC D 009
Harrison Birtwistle | Melencolia 1 – etc.

Harrison Birtwistle(né en 1934) débute la composition à l'âge de onze ans, tout en se tournant vers l'étude de la clarinette. Il se perfectionne à Manchester, Londres, Liverpool ou encore Darmstadt. En 1957, sa première œuvre publiée – Refrains and Choruses, pour quintette à vent – reflète sa maîtrise du plus récent patrimoine musical (Stravinsky, Messiaen et Varèse), mais ses premiers succès critiques viennent avec Tragoedia (1965), puis l'opéra de chambre Punch and Judy (1968), ou encore le cortège orchestral The Triumph of Time (1972) qui le place parmi les compositeurs anglais d'importance. Le présent enregistrement propose trois pièces données par un complice de ces années-là : le London Sinfonietta, avec Olivier Knussen à sa tête.

Meridian, conçu durant l'hiver 1970-71 – pour mezzo-soprano, cor, violoncelle, six soprani et onze musiciens –, s'inspire des vers amoureux de Thomas Wyatt (1503-1542) et de Christopher Logue (né en 1926), comportant des métaphores sexuelles de même qu'une réflexion sur l'activité créatrice. L'œuvre est d'une grande variété rythmique et mélodique. Sur les traces d'Yvonne Minton qui participa à la création le 26 février 1971, au Queen Elizabeth Hall, Mary King s'impose avec une voix chaude et souple.

Melancolia I fut découvert par le public du Scottish Musica Nova Festival, le 18 septembre 1976. Le titre fait référence à la gravure allégorique de Dürer peignant les deux faces de la planète Saturne : la mélancolie et l'utopie. La musique traduit profondément ce sentiment, et se déploie de façon spasmodique : comme souvent chez l'auteur, tout part d'une simple note, puis deux, puis une phrase, etc., semblant un commentaire d'elle-même plus qu'un véritable développement. Deux orchestres à cordes servent d'arrière-plan à la clarinette d'Antony Pay (tantôt neutre, tantôt luxuriante) qu'une harpe colorée soutient.

Dédiée à la mémoire de Michael Vyner (directeur du London Sinfonietta), Ritual Fragment est une élégie sombre créée le 6 mai 1990. Dans la lignée de quelques autres œuvres, de Carmen Arcadiae Mechanicae Perpetuum (1977-78) à Secret Theatre (1984), cette partition pour quinze instrumentistes non dirigés interroge la nature du rituel et de la représentation scénique. À tour de rôle, les musiciens s'avancent et jouent un court solo, rejoignant ensuite le groupe pour participer à l'expression commune.

LB