Chroniques

par pierre-jean tribot

Jean Sibelius
Symphonie Op.43 n°2 – Symphonie Op.105 n°7

1 CD LPO (2005)
0005
Jean Sibelius | symphonies n°2 – n°7

Si Günter Wand s'est fait connaître pour ses multiples interprétations d'Anton Bruckner, le chef finlandais Paavo Berglund, l'un des très rares gauchers de l'art de la direction, est l'infatigable serviteur de la musique de Jean Sibelius (1865-1957). Ses trois intégrales des symphonies – avec les orchestres de Bournemouth et d'Helsinki pour EMI, puis avec l'Orchestre de chambre d'Europe pour Teldec – sont toujours de solides références. Sa dernière mouture, qui s'appuyait sur une formation réduite, compte parmi les plus intéressantes versions modernes de ces chefs-d'œuvre. Dans le cadre d'une politique d'édition discographique de certains de ses concerts, le London Philharmonic Orchestra propose les 2ème et 7ème Symphonies. Malheureusement, en dépit d'échos favorables arrivés d'outre-Manche, le choc tant attendu n'a pas lieu.

Berglund essaie de renouveler l'approche chambriste de ses derniers enregistrements, mais avec un orchestre symphonique traditionnel ; le résultat est bien peu probant. La Symphonie en ré majeur Op.43 n°2 apparaît même flasque, à l'image d'une transition d'une incompréhensible mollesse entre les troisième et quatrième mouvements. Dans le deuxième, le chef se plaît à mettre en avant certains dialogues entre les vents, mais envisagée comme une suite d'événements, cette vision n'arrive pas à faire décoller la musique. Dans un contexte discographique surchargé, on continuera à écouter Bernstein, Barbirolli, Toscanini, Jansons, Vanska, Sanderling, Rattle, Jarvi et Colin Davis.

La brève 7ème Symphonie en ut majeur Op.105 souffre un peu moins d'un traitement qui se veut respectueux de l'équilibre entre les parties, mais manque cruellement d'arêtes et d'âpreté. Il faut attendre les dernières minutes de la partition pour observer le chef galvaniser des musiciens enfin concernés. Là où d'autres artistes – Mravinsky, Garaguly, Vanska, Barbirolli, Bernstein, etc. – font surgir un drame de chaque note, Berglund en reste à une honorable exécution de la partition. Tout au long de ce parcours, la Philharmonie de Londres est précise et musicale, mais ses timbres manquent sans conteste de personnalité.

PJT