Chroniques

par samuel moreau

Kryštof Mařatka
Luminarium – Astrophonia

1 CD Arion (2005)
ARN 68676
Kryštof Mařatka | Luminarium – Astrophonia

Né dans la capitale tchèque en 1972, Kryštof Mařatka a d'abord étudié le piano et la musique de chambre avant de suivre les cours de Bohuslav Řehoř et de Petr Eben qui l'initient à la composition. Il s'installe à Paris en 1994, suit le cursus d'informatique musicale de l'Ircam en 1999, puis devient Lauréat de la fondation Natexis. Outre des œuvres jouées de plus en plus fréquemment dans des festivals, citons des commandes marquantes comme celle du Théâtre National de Prague pour la cérémonie officielle célébrant l'entrée du pays dans la communauté européenne, l'invitation du Musée du Louvre à illustrer Batalion, film muet de Přemysl Pražský (1927), ou encore cet opéra en préparation pour la saison 2007-2008 de l'Opéra National de Prague. Habitué à la direction, c'est Mařatka lui-même qui dirige ici le Talich Chamber Orchestra.

Sensible au monde poétique et onirique (son récent Trio avec piano s'intitule Anthologie des rêves), le compositeur livre avec Luminarium un concerto pour clarinette et orchestre un peu particulier. Puisant son matériau dans des enregistrements, il compose un voyage imaginaire à partir de la musique traditionnelle de vingt-sept pays, organisée en neuf mouvements de trois groupes. La succession des pièces n'obéit à aucune logique géographique, et présente une succession uniquement soumise à la cohérence musicale (jeu de contraste et de ressemblance avec le voisinage). Ici, les sonorités asiatiques (Indonésie, Japon, Taïwan) s'intercalent à celles de Méditerranée (France, Maroc) ou du Moyen-Orient (Iran, Syrie) tandis que les influences savantes sont des hommages à Janáček, Scelsi ou encore Ligeti. Composé d'un quintette à vent où domine la clarinette virtuose de Michel Lethiec, de percussions et de cordes en formation de chambre, l'orchestre alterne les danses et les chants, les rituels de la vie et du théâtre, les célébrations de la nature vivante ou morbide.

Commencé en 1998, Astrophonia est un concerto dont les deux mouvements ont été créés respectivement en 1999 et en 2002. C'est une musique méditative qui évoque l'Univers, en ayant recours à trois sources : un alto aux riches effets – Karine Lethiec –, un piano – Daniel Wiesner – et un orchestre à cordes aux catégories sonores très variées.

SM