Chroniques

par laurent bergnach

La liturgie de cristal
un portrait d’Olivier Messiaen

1 DVD Idéale Audience International (2007)
Juxtapositions 12
La liturgie de cristal, un portrait d’Olivier Messiaen

« Dans les heures sombres, quand mon inutilité m'est brutalement révélée, quand toutes les langues musicales : classiques, exotiques, antiques, modernes et ultra-modernes me semblent réduites au résultat admirable de patientes recherches, sans que rien derrière les notes justifie tant de travail, que faire, sinon retrouver son visage véritable, oublié quelque part dans la forêt, dans les champs, dans la montagne, au bord de la mer, au milieu des oiseaux ? »

En une soixantaine de minutes, Olivier Mille s’attache à l'essentiel pour évoquer la carrière d'Olivier Messiaen, lequel reste – avec Stravinsky – l'un des compositeurs les plus originaux du XXe siècle. D'emblée, on rappelle l'importance de l'ornithologie dans la vie du créateur. Si l'intéressé se doute que cette passion en fait sourire plus d'un – à l'instar de ces « vieilles demoiselles qui promènent des chiens ou des chats » –, il insiste sur le fait que son approche des différents habitats de ses amis volatiles fut scientifique (des « promenades dirigées » avec des spécialistes), et ses transpositions adaptées pour l'oreille humaine.

Pianiste autodidacte, rythmicien sensible aux couleurs, Messiaen se présente également comme un homme qui a la chance de croire, un catholique sans doute venu à la foi par la fréquentation des personnages fantastiques rencontrés chez Shakespeare. Si présent dans sa musique, l'orgue représente un investissement religieux autant qu'un laboratoire de timbres, de même que les percussions à résonance évoquant pour lui le mystère et le rêve. Saint François d'Assise, l'opéra qui l'occupa sept ans – « encore une idée de gosse qui me poursuit » –, est une synthèse évidente de ces différentes influences.

À de nombreuses images d'archives qui dévoilent un homme drôle et vif possédant le sens de la répartie, une autre heure de bonus invite Yvonne Loriod, Gilbert Amy, George Benjamin, Pierre Boulez, Fano, Heinz Holliger, Alain Louvier, François-Bernard Mâche et quelques autres, témoins peu liés à la musique, à confier leur sentiment sur l'auteur de Chronochromie. Parmi les nombreux hommages rendus au compositeur en 2008, signalons celui du jeudi 29 mai, qui investira l'Eglise de La Trinité de 12h45 à 20h et plus.

LB