Chroniques

par laurent bergnach

Manuel Maria Ponce
mélodies

1 CD Quindecim (2004)
QP 136
Manuel Maria Ponce | mélodies

Né au Mexique le 8 décembre 1882, Manuel Maria Ponce grandit dans la ville d'Aguascalientes. Au terme de ses études au Conservatoire National, effectuées de 1901 à 1903, il partit à la découverte du monde, le plus souvent pour parfaire sa formation : étudiant en Italie (auprès de Marco Enrico Bossi), en France (Paul Dukas), en Allemagne (de 1906 à 1908) ou encore à Cuba (de 1915 à 1917). Réputé très tôt comme pianiste et compositeur, il enseigna à son tour au Conservatoire, entre 1909 et 1922. Attaché au patrimoine de son pays, il contribua à sa promotion, au point d'acquérir le titre de créateur de la chanson mexicaine moderne. Il mourut le 24 avril 1948 et fut enterré dans la Maison ronde des hommes illustres au Panthéon de Dolores de Mexico.

Artiste précoce (à trois ans, il prenait place au clavier pour imiter sa sœur Josefina), Ponce a laissé huit cycles pour piano et voix qui sont gravés ici dans leur intégralité – Poemas chinos (1932) et Poemas melancólicos (autour de 1935) l'étant pour la toute première fois. Passant du romantisme national au modernisme, tournés vers un Paris ou une nature idéalisés, ces œuvres de maturité ont été composés sur une vingtaine d'années : Poemas de Rabindranath Tagore (1920), Poemas de Mijael Lermontov (1926), Poemas de Mariano Brull (1931), Poemas de Francisco A. de Icaza (1936), Poemas Arcaicos (1939) et Poemas de Enrique Gonzalez Martinez (1940). Le livret, en espagnol et en anglais, analyse en détail chacune des trente-et-une mélodies, la plupart dédiée à son épouse.

Pour un plus grand respect de l'œuvre abordée, le pianiste Armando Merino a consulté les manuscrits originaux archivés, mais a privilégié une succession contrastée – cinquillo cubain, couleur à la De Falla, références à Debussy, échos d'Hindemith, chromatismes annonçant Messiaen – plutôt que chronologique. Son jeu nuancé et coloré fait merveille, mais la présence du soprano Silvia Rizo, au timbre riche mais à la voix souvent chevrotante, vient modérer notre enthousiasme.

LB