Chroniques

par laurent bergnach

Oscar Strasnoy
La stratification de la mémoire

À la ligne (2009) 120 pages
ISBN 978-2-913734-05-0
un volume de la collection de l'Ensemble 2e2m consacré à Oscar Strasnoy

La vingt-deuxième édition de Présences (à Paris cette année, du 13 au 22 janvier 2012), le festival de création musicale mis en place par Radio France, est l’occasion de faire le point sur la personnalité et la carrière d’Oscar Strasnoy, un quarantenaire au catalogue déjà conséquent auquel la collection éditée par l’Ensemble 2e2m consacrait un volume il y a quelque temps.

« Je descends d’une famille où la musique faisait partie de l’éducation. Mon père était un bon altiste amateur, et j’avais aussi une tante et un grand-oncle compositeurs (un de chaque côté). Moi-même, j’ai commencé tôt le piano – il y avait plusieurs instruments à la maison : un piano, quelques violons, quelques altos, une guitare, un accordéon. […] Vers dix-sept ou dix-huit ans, j’ai compris que je prendrais la voie de la création et non celle de l’interprétation. Et si j’ai aussi étudié la direction d’orchestre, c’était d’abord pour connaître l’orchestre de l’intérieur. »

Né le 12 novembre 1970 « au sein d’une famille de Juifs agnostiques fuyant la barbarie et la misère européenne », l’Argentin étudie à Buenos Aires avant de venir à Paris fréquenter les cours de Guy Reibel et de Gérard Grisey. Assez vite, il obtient des offres de résidences (Stuttgart, Tokyo, Paris, Quimper), des récompenses (la bourse Guggenheim et le prix Orpheus attribué par Luciano Berio) et des commandes. À l’heure actuelle, il vit à Berlin.

Bilingue, l’ouvrage réduit le nombre d’informations françaises à une soixantaine de pages dans lesquelles les musicologues Dino Villatico et Federico Monjeau, ainsi que le chef d’orchestre Paul Kildea analysent respectivement la cantate Hochzeitsvorbeireitugen (mit B und K), l’opéra a cappella Geschichte et le cycle mélodique Six Songs for the Unquiet Traveller, mettant l’accent sur les thématiques stranoyennes telles le dialogue avec l’héritage culturel (Bach, Beethoven) et le travail sur le théâtre musical.

Les interventions du musicien se réduisent au tiers restant, soit un entretien avec Dorota Żórawska-Dobrowolska, un article intitulé La musique et ses modèles puis quelques notes sur la genèse de son opéra Le bal, créé depuis à Hambourg. Si intéressantes qu’elles soient pour approcher un créateur à l’humour délicieux – évoquant l’ambivalence des origines, la notion de musique populaire ou encore l’œuvre d’art comme modèle artistique –, elles paraissent désormais bien chiches au regard du catalogue concocté par Présences (dont un extrait structure notre deuxième paragraphe). Un sort malheureusement réservé aux pionniers…

LB