Chroniques

par laurent bergnach

Peter Maxwell Davies
Quatuors à cordes « Naxos » n°5 – n°6

1 CD Naxos (2006)
8.557398
Peter Maxwell Davies | Quatuors à cordes n°5 – n°6

Né le 8 septembre 1934 à Salford (Nord-Ouest de l’Angleterre), Peter Maxwell Davies est l'auteur d'un catalogue important et varié – plus de soixante-dix pièces, dont plusieurs symphonies et opéras –, dans un style qui conjugue intérêt pour les musiques anciennes et influence de la musique sérielle, telle qu'il en vécut les développements après-guerre. Sitôt achevée une série de dix Strathclyde Concertos pour le Scottish Chamber Orchestra, cet ancien élève de Petrassi répondit à la commande de dix quatuors à cordes par le label Naxos, à destination du Quatuor Maggini. Alors que le huitième vient d'être créé entre des opus de Haydn et Beethoven (10 mars 2006), nous découvrons aujourd'hui un nouvel enregistrement, regroupant les cinquième et sixième quatuors.

Installé au nord de l'Écosse depuis les années soixante-dix, le compositeur s'est inspiré plus d'une fois des paysages de l'archipel des Orcades, comme pour The Ligthouse (1980) ou Black Pentecost (1979), en réaction contre l'exploitation de l'uranium dans la région. Naxos Quartet n°5 a pour sous-titre Phares d'Orkney et de Shetland. La référence à ces lieux d'où plusieurs phares sont visibles met doublement l'accent sur le balayage nocturne et dramatique du rayon à travers différentes textures maritime et côtière, et sur leurs différents signaux – chaque bâtiment ayant son propre rythme de rotation. Davies compare la dissolution progressive de la musique dans le silence à l'ultime faisceau qui s'estompe dans la première lueur de l'aube. L'œuvre en deux mouvements propose un Largo au climat tendu, proche de l'urgence, suivi d'un Lento partagé entre élégie et lyrisme, qui s'achemine vers un final serein. Elle est dédiée à l'Autrichien Thomas Daniel Schlee, compositeur, organiste et ami, « avec affection et gratitude ».

Naxos Quartet n°6 fut écrit en décembre 2004 et janvier 2005, et annoncée comme « une œuvre ambitieuse en six mouvements venant contrebalancer, dans le cycle complet, les deux précédents, relativement minces ». Il y transparaît la connaissance intime que le compositeur à des derniers pièces de Beethoven pour cette formation – pièces dont Davies avoue humblement ne rien pouvoir écrire d'approchant. Dans cette succession de mouvements assez ludiques, teintés d'accents jazzy, signalons l'inspiration du plain-chant religieux, soit de l'Avent pour le deuxième, et de Noël pour le cinquième (composé un 25 décembre). L'œuvre est dédiée à son confrère Alexander Goehr, avec lequel il fit ses études dans les années cinquante (Royal Manchester College of Music), et lui-même auteur de plusieurs quatuors.

LB