Chroniques

par laurent bergnach

récital Florian Caroubi
Aubert – Debussy – Dupont – Ravel – Samazeuilh

1 CD Hortus (2022)
210
Le pianiste Florian caroubi joue les Français Aubert, Debussy, Dupont, etc.

Peu de musiciens sont aussi éclectiques que Florian Caroubi, que l’on rencontre un jour à la tête de l’orchestre Amacordes, un autre en formation chambriste, ou encore en compagnie du mezzo-soprano Adèle Charvet – entre autres –, avec qui il remporta le Prix de la Mélodie au Concours international Nadia et Lili Boulanger. Aujourd’hui, il propose en solitaire un programme français, faisant suite à son précédent album chez Hortus (Debussy, Liszt, Moussorgski,). Passons rapidement sur les aînés, par ailleurs les plus renommés : Claude Debussy (1862-1918) et Maurice Ravel (1875-1937). Reflets dans l’eau (1905), extrait inaugural des Images, estmalheureusement donné de façon pontifiante, au bord de la décomposition. On lui préfère Une barque sur l’océan, l’une des cinq portions de Miroirs (1906), jouée plus sobrement.

Le 8 mai 1911, les Valses nobles et sentimentales furent créées par Louis Aubert (1877-1968), leur dédicataire, lors d’un récital à l’aveugle. On a un peu oublié cet interprète émérite doublé d’un compositeur inspiré par l’Orient (La momie, Six poèmes arabes, Nuit mauresque, etc.) plutôt que par sa Bretagne natale, côté Manche. Sur le rivage, qui inaugure Sillages (1913) à l’harmonie audacieuse, surprend en s’inspirant moins de l’impressionnisme que d’un romantisme tourmenté. Soccory fait entendre les cloches de la chapelle d’Urrugne (Pays basque), mais encore un lyrisme hérité de Fauré, une virtuosité lisztienne. Enfin, le pianiste livre sans pamoison Dans la nuit, page fortement debussyste à l’expressivité concise.

Gustave Samazeuilh (1877-1967) naît quelques mois après Aubert, sur la côte Atlantique (Bordeaux). Rejoignant la Schola Cantorum à Paris, cet épigone de Franck et de Debussy semble avoir servi autant sa musique que celle des autres – citons les études parues sur ses professeurs, Dukas et Chausson, et la centaine de réductions pour piano d’œuvres contemporaines. Comme Sillages, Le chant de la mer (1920) comporte trois parties. Prélude invite une certaine austérité dans la peinture d’un océan majestueux, suivi par Clair de lune au large, puis Tempête et lever du jour sur les flots. Malgré l’engagement de Florian Caroubi, on peine à se passionner pour ce triptyque sans grande personnalité.

Enfin, voici un autre amoureux de la mer, Gabriel Dupont (1878-1914), que notre pianiste présente ainsi : « ses compositions, plus ancrées dans le dix-neuvième siècle que celles d’Aubert et Samazeuilh, n’hésitent pas à allier le pathétique à la suavité, à assumer une expression libre et élégiaque » (notice du CD). Quelques années après Les heures dolentes (1906), qui évoquait une convalescence à Arcachon, le compositeur livre son deuxième grand cycle pianistique, La maison dans les dunes (1910). Trois des pièces les plus méditatives en sont extraites : Voiles sur l’eau, Le soir dans les pins et Clair d’étoiles. Les noms d’Alkan, Pierné et Fauré viennent en tête comme source d’inspiration possible.

LB