Chroniques

par stéphanie cariou

Richard Strauss
Arabella

1 DVD Decca (2008)
074 3263 1
Arabella, opéra de Strauss

Decca publie une production de l'Opéra de Zurich qui jouit déjà d'une filmographie abondante. Il s'agit d'Arabella de Richard Strauss, composé à partir de 1927 sur un livret d’Hugo von Hofmannsthal, l'auteur du Rosenkavalier, d'Ariadne auf Naxos et de Die Fraue ohne Schatten. Créée à Dresde le 1er juillet 1933, l'œuvre remporta un grand succès, mais connaîtra des difficultés à s'imposer au répertoire. Elle appartient à la période néoclassique de Strauss, à l'instar du Chevalier à la Rose ou de Capriccio. On y retrouve le mélange de joie et de nostalgie qui caractérise la veine straussienne en général, à l'exception d'Elektra et de Salome.

L'histoire est celle d'une famille ruinée ayant deux filles à élever. Les parents déguisent la cadette en garçon pour réduire les dépenses qu'occasionneraient deux mariages, et mettent en valeur l'aînée afin de lui trouver un bon parti. Jeune fille fière, Arabella cherche l'homme idéal. Elle a de nombreux prétendants : trois comtes et un jeune officier. Tout en badinant avec eux, elle remarque un étranger qui retient son attention. Le Comte Mandryka a reçu le portrait d'Arabella du père de celle-ci. Il accepte de rencontrer Arabella, lors du bal. Tous deux décident de se marier. Mais plus tard dans la soirée, Mandryka aperçoit Zdenka, toujours travestie, remettant une clé à Matteo en lui disant que c'est de la part de sa sœur. Jaloux, Mandryka prend à partie les parents pour un flagrant délit organisé. Après des explications houleuses, Zdenka s'explique et tout rentre dans l'ordre : chacune des filles se mariera, Zdenka avec Matteo, Arabella avec Mandryka.

Sobre et efficace, la mise en scène de Götz Friedrich ne sombre pas dans le kitsch. Elle situe l'action dans les années 1910. Le premier acte se passe dans un appartement aux murs blancs et circulaires, avec de beaux effets d'éclairages. La salle de bal du deuxième acte est un escalier décoré de ballons menant à une baie vitrée. Le hall du troisième acte orne l'escalier de néons bleus. Les costumes sont magnifiques, notamment les robes d'Arabella.

Renée Fleming (le rôle-titre) chante régulièrement Richard Strauss, que ce soit la Maréchale de Rosenkavalier ou la Comtesse de Capriccio. Selon elle, l'écriture d'Arabella se rapproche des Quatre derniers lieder, et le personnage ne serait pas loin de la Maréchale dont elle emprunte les qualités. La chanteuse est tour à tour tendre, fière et mutine, mais toujours digne. Sa voix s'est un peu assombrie, mais toujours aussi ronde et agréable à entendre.

Julia Kleiter est une Zdenka attachante au timbre lumineux. Morten Frank Larsen donne un Mandryka crédible physiquement ; sa voix sonne un peu brut malgré une bonne articulation. Beau ténor, Johan Weigel (Matteo) est parfait en amoureux transi. Alfred Muff et Cornelia Kallisch, qui interprètent le Comte Waldner et sa femme, sont parfaits, vocalement et scéniquement, lui semblant un peu perdu, et elle plus vipérine. Parmi les autres rôles, tous sont bien tenus, on signalera la voix intéressante de Sen Guo en Fiakermilli. Les chœurs s'amusent en jouant les invités. Franz Welser-Möst conduit avec souplesse son orchestre dont il tire la pâte sonore qui convient à l'ouvrage.

SC