Chroniques

par pierre-jean tribot

Wolfgang Amadeus Mozart
Concerti pour piano K.453 n°17 – K.459 n°19

1 CD Transart Live (2005)
TR 123
Wolfgang Amadeus Mozart | Concerti pour piano n°17 – n°19

Sans cesse sur le métier ! Telle pourrait être la devise du pianiste Paul Badura-Skoda dont Mozart jalonne le parcours depuis toujours : des premiers concerts sous la direction de Wilhelm Furtwängler en 1949, jusqu'à ce disque de concerti, en passant par une intégrale des sonates pour piano gravée pour le label Astrée (désormais Naïve). Chercheur infatigable de la vérité des partitions de l'enfant de Salzbourg, l'artiste passe avec aisance du pianoforte au piano pour nous offrir des enregistrements entrés dans l'Histoire de l'interprétation.

Malheureusement, ce nouvel album amène quelques réserves. Il faut en premier lieu s'habituer à une prise de son dure et manquant de relief qui gâche le plaisir du Concerto en fa majeur K.459 n°19. Mais la plus grosse déception provient de l'Orchestre de chambre de Prague. Cette formation fondée en 1950 livre une prestation bien pauvre en couleurs. Curieusement, le son aigre sonne plus français que tchèque, les bois sont acides et les cordes sont bien vertes. Certes, l'équilibre et l'attention aux sollicitations du soliste (qui dirige aussi le petit ensemble) sont parfaits, mais une comparaison avec l'Orchestre de chambre Écossais accompagnant Brendel (Philips) ou l'Orchestre de chambre Norvégien avec Leif Ove Andsnes (EMI) [lire notre critique du CD] n'est pas des plus flatteuse pour les Pragois.

Fort heureusement, Paul Badura-Skoda est un sage du piano. Fuyant tout effet de mode, il campe un Mozart franc et direct, sans sentimentalisme excessif ou froideur impersonnelle. Son jeu est l'incarnation même du style mozartien et l'artiste transforme en véritables moments de musique ces deux concertos, celui en sol majeur K.453 n°17 et le n°19, souvent assimilés à des œuvres galantes. Le mouvement lent du premier est, à ce titre, un véritable régal d'intelligence musicale. Le second, pris dans un tempo plutôt rapide, atteint une exceptionnelle gravité, alors que la précision du toucher reste impressionnante. En dépit des réserves orchestrales et techniques, on attend la suite de cette collection de concerti de Mozart – un nouveau volume doit paraître au printemps.

PJT