Chroniques

par gilles charlassier

Richard Wagner | Lohengrin (version de concert)
Orchestre national des Pays de la Loire, Pascal Rophé

ANO / Centre de Congrès, Angers
- 20 septembre 2016

Pour la deuxième année consécutive, Angers Nantes Opéra s'associe avec l'Orchestre national des Pays de la Loire pour le concert d'ouverture de saison et mettre en avant le nouveau directeur musical, Pascal Rophé, en fonction depuis le début de la saison dernière. L'arrivée du chef français à la tête d'une phalange alors en relative baisse de régime a porté des fruits que le présent Lohengrin permet d'apprécier.

On sait l'exigence requise par la musique de Wagner, et cet avatar de ce que l'on pourrait considérer comme la premièrematurité de l'échanson de Bayreuth – où l'on retrouve plus d'une tournure parente avec Tannhäuser – ne saurait le contredire. Si l'endurance n'est nullement réservée aux seuls solistes, il n'en faudrait pas pour autant oublier les couleurs et les textures diaphanes appelées par la partition, échos du mystère du Graal, qui ne sont pas négligées ici. Les pupitres ne manquent point de tenue, à l'image de cordes à la rondeur souvent estimable, jusqu'aux cuivres, qui attendront le troisième acte pour laisser affleurer quelques signes de faiblesse.

La présente lecture soutient efficacement le plateau.
Dans le rôle-titre, Daniel Kirch se révèle manifestement plus à l'aise que dans Die tote Stadt, où il endossait Paul, emploi parmi les plus redoutables du répertoire. L'équilibre entre lumière et héroïsme trouve une partenaire à sa mesure en Juliane Banse, Elsa fragile d'expression mais non de vocalité, nonobstant une discrète raideur dans le timbre. Souverain d'une évidente magnanimité, Jean Teitgen confie à Heinrich un métier solide qui mériterait une meilleure audience sur les scènes françaises. L'observation ne vaut pas moins pour l'Ortrud de Catherine Hunold qui transcende les contraintes de la version de concert pour faire vibrer la vindicte de son personnage au travers d'une ligne fière et admirablement soutenue. Elle exerce un ascendant patent sur le Telramund de Robert Hayward, vulnérable parfois un peu au delà de la crédibilité, mais dont l'effet théâtral ne se dément aucunement. Quant au Héraut de Philippe-Nicolas Martin, on saluera la santé de ses interventions qui ne demeurent jamais dans l'ombre des autres protagonistes.

Si l'on pourrait mettre en parallèle les soirées nantaises et angevines avec les deux montpelliéraines prévues à la mi-octobre, cela tient d'abord au partenariat, sur les deux Lohengrin respectifs, entre les chœurs des deux maisons, ici réunis pour assumer l'ampleur des parties qui lui sont dévolues. Le travail de Xavier Ribes, côté ouest, et celui de Noëlle Gény, pour le versant méditerranéen, se complètent opportunément. À distribution et direction musicale différentes, le mélomane pourra comparer les résultats. À ce jour, celui entendu à Angers mérite l'attention.

GC