Chroniques

par hervé könig

Heinrich Ignaz Biber
pièces pour chœur

1 CD Ambroisie (2003)
AMB 9936

Même en ignorant encore les détails de ses premières années, nous savons l'importance qu'a eue Heinrich Ignaz Biber (1644-1704) sur la vie salzbourgeoise. En 1670, il quitte son activité auprès de l'évêque d'Olmutz, doyen du chapitre de Salzburg, pour entrer au service du prince régnant Max Gandolph ; ce dernier le prend sous sa protection, lui permettant ainsi de rayonner. Il convient de rappeler les fastes artistiques de l'Église Métropolitaine des Archevêques de Salzbourg, dépassant en somptuosité ce que les plus grandes cours princières purent commander alors.

Si sa musique instrumentale est célèbre – notamment grâce à de multiples éditions critiques –, c'est au détriment de sa musique vocale, souvent manuscrite et reconnue tardivement. Si bien que quatre des œuvres du compositeur sont gravées ici pour la première fois. Ce sont des morceaux liés à la liturgie (le genre de l'offertoire), sans doute écrites lorsque leur auteur était Hofkappelmeister à la Cathédrale de Salzburg et indéniablement inscrite dans la grande tradition musicale de la ville (Andreas Hofer Abraham Megerle, Johann Melchior Caesar, etc.).

Lux perpetua (deux chœurs) servait à célébrer des saints particulièrement vénérés, Ne cedite mentes et Huc Poenitentes (écriture vocale et instrumentale à cinq voix) fêtaient Saint Michel et Sainte Marie-Madeleine, Quo abiit dilectus (écriture à quatre violes) témoignait des Sept Douleurs de la Vierge... Les textes des offertoires de Biber sont ceux d'auteurs aujourd'hui inconnus, des théologiens locaux sans nul doute. Quant au Requiem ex F con terza minore (Requiem en fa avec tierce mineure), il ne concentre pas sa gravité sur le Dies irae, comme on l'habitude devait s'installer un siècle plus tard. Le traitement expressif du texte fait du compositeur un digne héritier de Bach et de Schütz.

Le chœur Arsys Bourgogne donne au disque une version discrète et recueillie, accentuant peu l'ornementation, plus habitée par le sentiment religieux que par l'enthousiasme artistique. Concourent à une même tenue l'excellence des instrumentistes et la fiabilité des choristes. En revanche, les phrases solistes sont nettement moins heureuses, et empêchent cette interprétation d'atteindre les sommets auxquels elle pouvait par ailleurs prétendre.

HK