Chroniques

par laurent bergnach

Peter Warlock
mélodies

1 CD Landor Records (2006)
LAN 279
Peter Warlock | mélodies

Né le 30 octobre 1894, décédé le 17 décembre 1930 des suites d'un empoisonnement au gaz aux circonstances jamais élucidées, l'Anglais Philip Arnold Heseltine s'est fait connaître sous le pseudonyme de Peter Warlock. Issu d'un milieu aisé, son éducation s'avère des plus classiques (Broadstairs, Eton, Oxford), mais son intérêt pour la musique – marqué par la découverte du pianola puis par l'œuvre de Frederic Delius, qui aura toute sa vie son affection – l'éloigne d'études auxquelles la Première Guerre Mondiale mettra un terme définitif. Pour ce quasi autodidacte friand de musiciens Élisabéthains, l'influence des contemporains sera déterminante, dont celle de Roger Quilter (1877-1953), Colin Taylor (1881-1973) ou encore Bernard Van Dieren (1887-1936). Engagé comme critique musical en 1915, devenu son propre éditeur avec la revue The Sackbut (1920-21), le goût profond de Warlock pour la langue lui vaudra des amitiés avec des poètes de son temps (Robert Nichols, Bruce Blunt, etc.), expliquant en partie une production de seulement une demi-douzaine d'œuvres instrumentales pour des centaines d'ouvrages vocaux, chansons et chœurs confondus. Attaché à la culture celtique, il s'initie également à l'irlandais, au gallois, au breton, au cornouaillais, au mannois.

Cœur du présent enregistrement, The Curlew voit le jour dans la période difficile qui suit l'arrêt de The Sackbut, pour des raisons financières. Retourné vivre dans la maison familiale, au Pays de Galles, Warlock arrange bon nombre de pièces de Delius et termine un livre qui lui est consacré. Il revient également sur ses propres œuvres de jeunesse. Mis en musique quelques années plus tôt, certains poèmes de Yeats servent alors de point de départ au cycle achevé en juin 1922. Le prélude instrumental présente trois éléments importants : le cor anglais d'Owen Dennis représentant le courlis, la flûte de Daniel Pailthorpe associée au vanneau, ainsi que les cordes mélancoliques du Quatuor Pavão qui remplacent le piano de la partition originale.

Première des trois années qu'il passerait en terre galloise, 1922 voit également la naissance d'airs assez renommés : In a Arbour Green, Autumm Twilight, A Sad Song, Sleep, Adam Lay Ybounden. La période 1925-1928 sera elle aussi très prolifique, avec des morceaux tels Pretty Ring Time, The First Mercy, Cradle Song, The Contented Lover, And wilt thou leave me thus, Mourn no moe, Jillian of Berry que l'on retrouve ici. Les airs guillerets succèdent aux chants recueillis, les berceuses et les ambiances religieuses aux chansons à boire. Accompagné par le pianiste Simon Lepper, d'une voix claire et enveloppante au timbre mordoré, le ténor Andrew Kennedy se montre captivant sur chacun des climats abordés.

LB