Chroniques

par laurent bergnach

Richard Wagner
Das Rheingold | L’or du Rhin

1 DVD Arthaus Musik (2009)
101 353
Richard Wagner | Das Rheingold

Voici donc le premier épisode d'une Tétralogie montée au Deutsches Nationaltheater de Weimar, de juillet 2006 à juillet 2008 – c'est dans cette ville qu'en 1851, rentrant de son exil helvète, Wagner tenta de convaincre Franz Liszt de participer à un projet d'opéra sur Siegfried, qu'il souhaitait présenter comme un héros révolutionnaire. Des extraits du prologue de Siegfrieds Tod sont d'ailleurs récités sur scène avant que retentisse la musique de Das Rheingold : incarnant des nornes pleines de sagesse, trois gamines munies de marionnettes à gaine introduisent le sujet de l'œuvre – la rivalité opposant les hommes et les dieux – et le point du vue de Michael Schulz, à savoir la mise à jour des rôles endossés par chacun.

Ainsi, tandis que Wotan met en place son cache-œil et s'empare de la lance du pouvoir, Alberich, campé solidement sur ses deux jambes, choisit sciemment le rôle de nain en avançant à genoux. Lorsque le jeu est lancé, difficile de revenir en arrière et d'éviter les dégâts. Wagner le sait mieux que personne, lui qui a connu la douleur (racontée par sa sœur Cäcillie) de voir un violent orage détruire ce petit théâtre de marionnettes construit quand il avait dix ans…

Une solide équipe de chanteurs évolue dans des décors souvent picturaux, comme cette maison bourgeoise où campent les dieux – avec thermos et lits de fortune –, en attendant leur arrivée au Walhalla, cet « îlot de vanité brillant d'un éclat illusoire ». Wotan sonore, Mario Hoff forme un couple intéressant avec Christine Hansmann, soprano souple et fiable, loin de la Fricka mégère que l'on rencontre souvent. Alexander Günther (Donner) jouit d'un très bel aigu, et Marietta Zumbült (Freia) d'un chant lumineux.

Autour d'eux évoluent Erin Caves (Loge léger et élégant), Frieder Aurich (sobre Mime), Nadine Weissmann (Erda charismatique, pleine de nuance), Renatus Mészár (Fasolt onctueux autant qu'émouvant) et Hidekazu Tsumaya (Fafner efficace). Avec une voix d'abord lourde et instable, Tomas Möwes offre à Alberich beaucoup de présence et de puissance. Au pupitre, Carl St.Clair déconcerte par une ouverture très lente, mais conduit ensuite honorablement la Staatskapelle Weimar.

LB